Bonjour!
J’avais envie de vous parler d’une pédagogie alternative, que j’ai eu la chance d’expérimenter au primaire, et à laquelle je me suis intéressée dernièrement : la pédagogie Freinet.
Je trouvais pertinent de vous en parler parce qu’elle encourage la diversité, l’ouverture d’esprit, le débat, la démocratie, la coopération, la responsabilisation, l’autonomie et la vie en communauté.
Aquarelle illustrant le projet pédagogique de l’École Freinet de Québec, oeuvre de Madame Michèle Pelletier, enseignante retraitée de l’école. Source
Il me semble que ce sont des valeurs qui gagneraient à prendre plus de place dans notre société de plus en plus individualisée, axée sur la performance, le profit à tout prix et la concentration de plus en plus de pouvoir entre des mains de moins en moins nombreuses… Des réalités qui nous mènent à bien des problèmes sociaux et environnementaux.
J’ai écouté différents reportages sur le sujet dernièrement et l’une des choses qui m’a marquée c’est que les élèves apprennent en faisant des tâches « qui font du sens ».
Par exemple, pour le français, les élèves entretiennent des correspondances avec d’autres écoles et rédigent des textes pour le journal de classe, qui est imprimé et distribué dans la classe et même en-dehors à l’occasion. Pour réviser les règles de grammaires, les élèves sont invités à composer chacun un texte, puis à le lire devant la classe. Ils votent ensuite pour le texte qu’ils ont envie de réviser, tous ensemble. Les élèves comprennent donc l’utilité de ce qu’ils apprennent au quotidien, c’est du concret.
Et c’est vrai pour bien d’autres matières que le français. Je me rappelle avoir correspondu avec des élèves d’une école située au Nunavik. Ça nous donnait des occasions de rédiger des textes, mais ç’a aussi été une belle façon d’apprendre sur leur culture et la géographie du Québec, tout en s’ouvrant l’esprit à d’autres réalités. Nous leur avons envoyé une boîte avec des produits de l’érable et ils nous en ont envoyé une avec différentes viandes locales séchées. C’était bien plus intéressant d’apprendre à les connaître par leurs récits, photos et dégustations, que dans un livre!
Autre point intéressant, on laisse beaucoup plus la parole aux enfants, l’enseignant n’est donc plus celui qui détient le temps de parole en majorité. Il y a aussi plus de travaux individuel et d’équipe, donc moins de cours magistraux. On encourage les présentations orales au choix des élèves, et même l’enseignement par les pairs.
Je me rappelle avoir fait, en équipe avec une amie, une présentation orale, en 5e ou 6e année, sur quelques causes qui avaient menées à la 2e Guerre Mondiale. Et une autre sur les chevaux, haha! Ça montre comment les enfants peuvent s’intéresser à une foule de sujets quand on les encourage à le faire.
Devant l’école, nous avions aussi ce qu’on appelait l’arbo-vie, aménagé avec des plantes et des arbres. On y apprenait différentes choses en lien avec la nature, directement en l’observant, et on y faisait du compost. Vers la fin des années 90, le compost je n’avais jamais vu ça ailleurs qu’à l’école!
Encore un exemple de comment on peut donner du sens à ce qu’on apprend ; les élèves de 5e-6e année sont jumelés avec des élèves de 1ère-2e année pour les aider dans l’apprentissage de la lecture. Peut-être une fois par semaine, on se réunissait et on les aidait. Ça nous donnait un sentiment d’utilité et de fierté, en plus de créer des liens avec des plus jeunes, qu’on n’a pas vraiment l’occasion de côtoyer autrement. Dans un des reportages, ils mentionnent que c’est très positif pour les élèves plus vieux qui sont en difficulté d’apprentissage, car ils sont alors dans la position de « celui/celle qui sait » et qui peut aider.
Autre exemple tiré d’un reportage ; une élève présente, dans son exposé oral, le jardin qu’elle et sa famille ont aménagé durant les vacances. L’enseignante reprend cette nouvelle pour expliquer les calculs d’aire et de périmètre.
Les élèves sont aussi invités à découvrir et apprendre en émettant des hypothèses qu’ils valident ensuite en groupe. L’erreur n’est pas vue comme un échec, mais comme une conclusion à une hypothèse qui a été testée. Ils en parlent dans ce reportage. On constate aussi que cette pédagogie a eu beaucoup d’effets positifs dans une école qui est dans un milieu défavorisé, comme une diminution de la violence entre les élèves.
Personnellement, j’ai l’impression que ça m’a aidé à avoir une vision plus ouverte des différences, à questionner le pourquoi des choses et à ne jamais prendre « Parce que c’est comme ça » comme une réponse satisfaisante. Ça m’a parfois mené à des frustrations, surtout dans mes premiers emplois, mais je persiste à croire que c’est important d’éveiller la curiosité et l’envie d’apprendre et de réfléchir plus loin que les idées préconçues.
J’ai eu la chance de fréquenter la première école de la pédagogie Freinet au Québec ; elle a été fondée au début des années 80 et compte maintenant un 2e établissement, tous deux à Québec. Aujourd’hui, il y aurait aussi l’école Élan à Montréal, l’école l’Envol à Laval, l’école alternative St-Sacrement à Trois-Rivières et l’école Curé-A.-Petit à Cowansville. Deux écoles de Montréal, St-Nom-de-Jésus et et Charles-Lemoyne, offrent la pédagogie Freinet dans quelques-unes de leurs classes. Si je ne me trompe pas, il y en aurait une aussi dans le coin de Sutton, que Paméla, une participante de la rencontre de réseautage du peuplier à Sutton, a contribué à fonder. On compte dans le monde plusieurs écoles réparties dans 29 pays, qui basent leur enseignement sur la pédagogie Freinet. (Source)
Si c’est un sujet qui vous intéresse vous aussi, voici plus d’infos :
https://www.ecolefreinetdequebec.ca/ecole/pedagogie-freinet
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/11621
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/les-invariants-pedagogiques#.%20La%20nature%20de%20l’enfant
Je suis vraiment curieuse de savoir s’il y a d’autres membres du peuplier qui ont fréquenté l’une de ces écoles, ou qui y envoient leurs enfants?
Et sinon, est-ce une pédagogie qui vous interpelle?