Allô!
Hier j’ai eu la chance de participer au Forum régional vers une alimentation territorialisée et durable, présentant les fruits de la recherche participative pour comprendre le système alimentaire de Québec (REPSAQ), qui concerne la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches.
Il s’agit du travail d’une vingtaine d’organisations régionales, pour la recherche et la mobilisation des connaissances sur ce sujet. Des gens issus de l’agroéconomie, de l’anthropologie, du droit et d’autres secteurs variés y ont pris part.
Vous pouvez avoir toutes les informations concernant le projet sur son site :
Vous pouvez même y lire le rapport complet, de 200 quelques pages, de l’étude. Je crois qu’ils vont également rendre public le document-résumé qu’ils ont présenté lors du Forum, mais je ne le vois pas pour le moment sur le site.
Dans tous les cas, j’avais envie de partager ici quelques constats qui m’ont particulièrement interpellée, et je vous invite à aller lire le rapport pour en savoir plus.
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Seulement 25% du territoire zoné agricole de cette région est réellement cultivé.
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En mettant en relation le périmètre de territoire/habitant, le besoin calorique et la production moyenne calorique, on estime, de façon théorique, qu’on pourrait produire 155% de nos besoins caloriques dans la région. Bien sûr il y a ensuite l’enjeu de produire des aliments diversifiés, d’avoir les installations nécessaires à la transformation, conservation, etc.
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L’autosuffisance alimentaire sur le territoire est d’environ 38% (c’est similaire à la province).
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Toujours dans l’optique d’autosuffisance alimentaire sur ce territoire, nous serions déficitaires en céréales, en fruits et en légumes (contrairement aux produits d’origine animale notamment, et au sirop d’érable).
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Lorsqu’on parle d’alimentation locale, dans la perception de la majorité des gens interrogés, il est question du territoire de la province et non de la région.
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Les bannières (Loblaws, Sobeys, Metro…) mettent dans leur contrat avec les épiceries qui sont sous ces bannières, qu’elles doivent se fournir à 85% à 95% auprès du grossiste de la bannière. Il est donc difficile de faire entrer plus de produits locaux dans leur offre, du moins à leur échelle décisionnelle.
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On a des pommes qui viennent d’endroits aussi éloignés que la Nouvelle-Zélande ou la Chine sur nos étalages… !
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Il y a un besoin de maillage entre les acteurs du milieu, car il y a beaucoup d’initiatives super intéressantes qui existent et prennent naissance, et on gagnerait à ce qu’elles travaillent encore plus ensemble. Il arrive qu’elles se dupliquent simplement parce qu’elles ne savaient pas qu’elles existaient. Ceci dit, ça peut être intéressant de les dupliquer dans d’autres régions, de s’inspirer les uns les autres.
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Les épiceries coop qui ne sont pas sous une bannière (comme le haricot magique) représentent une belle opportunité pour obtenir des produits et aliments locaux (en plus c’est en vrac!)
Quelques défis à relever ont été identifiés pour accroître notre autosuffisance alimentaire (mon résumé n’est pas exhaustif) :
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La perception que le prix des aliments locaux est plus élevé
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Conscientiser les consommateurs sur les impacts de leur alimentation sur l’environnement, mais aussi la santé, la société, etc. et donc l’importance de manger local et de réduire le gaspillage. C’est gagnant de mettre de l’avant également la richesse et le plaisir de manger des aliments frais et de parler aux producteurs.
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La nécessité de mettre plus de temps et d’efforts dans la préparation des repas pour les consommateurs
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Une distribution qui est actuellement très centralisée et difficile à percer
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Le manque de volume des producteurs, qui leur serait nécessaire pour entrer dans ce modèle de distribution
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Les filières actuelles sont axées sur l’exportation
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Davantage de volonté politique pour prendre des décisions et soutenir les initiatives qui vont en ce sens
Des acteurs du Forum ont évoqué la relève agricole en la décrivant comme étant
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intéressée par la production locale, essentiellement de légumes, mais pas uniquement.
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On y trouve des retraités d’autres domaines qui choisissent l’agriculture locale comme projet de retraite.
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On y trouve plus de femmes qu’avant.
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La relève veut également avoir un impact positif sur son milieu.
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On remarque beaucoup de gens qui avaient entamé un parcours professionnel dans d’autres domaines, où leurs études leur ont permis de questionner le fonctionnement du système alimentaire actuel, ce qui les a motivé à vouloir le révolutionner (je prends la liberté d’employer ce mot haha).
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Pour la relève qui ont vu leurs parents travailler du matin au soir sur la ferme, ils mettent quant à eux la qualité de vie au centre de leurs priorités et ne veulent pas hériter de ces horaires.
J’ai eu le plaisir de parler avec plusieurs participants au Forum et ce fut de super belles rencontres! De l’une de celles-ci j’ai découvert le site autocueillette.com, qui vous présente les aliments que vous pouvez récolter en autocueillette, avec les périodes de récoltes, les fermes qui offrent l’autocueillette, informations nutritionnelles, conseils de conservation, recettes, etc! C’est un beau site dont s’occupe Mme Françoise Bossiroy, de l’UPA Capitale-Nationale-Côte-Nord, que je salue d’ailleurs!
Mme Johanne Martel, directrice régionale du MAPAQ pour Chaudière-Appalaches, et Mme Manon Boulianne, professeure d’anthropologie et chercheure principale au sein du projet, ont conclu qu’elles aimeraient qu’il y ait des suites à l’étude présentée et au Forum. Mme Martel a souligné l’importance de la pluridisciplinarité dans le projet, qu’il serait intéressant de refléter à nouveau dans des groupes de travail.
Je suis heureuse de voir la volonté des gens qui étaient présents, qui viennent de différentes organisations et de différents domaines (agriculture, restauration, nutrition, innovation sociale, santé publique, lutte à la pauvreté et à l’exclusion, etc.) Il y a un vent de changement qui souffle en ce moment pour une alimentation plus locale et durable, et ça me fait vraiment chaud au coeur de voir ça!
J’ai aussi eu la chance d’assister le 5 septembre dernier à la présentation d’Aliments pour tous (1e phase), une démarche collective visant à étudier et améliorer le système alimentaire de Lévis, porté par le groupe de réflexion et d’action contre la pauvreté (GRAP) de Lévis et d’autres acteurs communautaires.
Je vous en ferai un petit résumé prochainement, mais en attendant je vous partage la cartographie du système alimentaire lévisien et l’analyse qui découle de ce projet.
Voilà En espérant que ça vous inspire autant que moi!