l y a longtemps que j’ai promis de me présenter ici. Donc je me lance!
Je ne me suis jamais autant présentée que depuis que j’ai démarré mon projet d’herboristerie. Et je ne m’y fais pas… ;-D Pour une personne un peu pudique comme moi et un peu sauvage comme mon jardin, ce n’est pas si facile.
J’ai su que je voulais être herboriste au Cégep au moment où il faillait décider des études à entreprendre (je vous parle de l’époque lointaine du disco dans les années 1980). J’ai vécu un véritable “appel” de la nature et une profonde affinité avec le monde végétal. À l’époque les débouchés, possibilités et écoles étaient pour ainsi dire inexistants. Pour faire une histoire courte, j’ai étudié en biologie, en enseignement et en traduction, j’ai travaillé dans le pharmaceutique mais parallèlement à tout ça, j’ai toujours herborisé, expérimenté, étudié et profité de chaque occasion placée sur mon chemin d’apprendre des anciens.
Je suis originaire de l’Outaouais où mes parents ont été producteurs de plantes médicinales pendant une quinzaine d’années. Leur terre a été mon “terrain de jeu” depuis mon adolescence (et j’y retourne encore chaque année pour de courtes récoltes).
Mais c’est en 2014, après une séparation et avoir passé quelques années seule sur la terre familiale pour tester ma capacité, que j’ai décidé de faire le saut et de créer ma propre petite ferme médicinale. Je me suis installée à St-Eustache (un peu par hasard) sur un petit terrain d’un hectare, en friche depuis 30 ans, à l’aube de la cinquantaine.
Je n’ai jamais eu l’intention de bâtir une grande entreprise comme la Clef des champs. Mes parents ont été parmi leurs fournisseurs à l’époque et j’ai une bonne idée de quoi il en retourne. Je me perçois plutôt comme une descendante de la tradition des “herboristes de village”… Le village s’étendant à la grandeur de la province (et même au-delà). Une expression qui pourrait aujourd’hui être actualisée par “herboriste de famille”.
Tous les aspects de l’herboristerie me passionnent : la culture des plantes et simplement vivre parmi elles, leur transformation et l’expérimentation qui l’accompagne, leur étude et les découvertes qui ne s’arrêtent jamais, la production de semences et voir d’autres jardins médicinaux naître de mon propre jardin, mais par dessus tout, l’accompagnement de ceux qui cherchent le soulagement de leurs maux, petits et grands, ou encore la prévention et le maintien d’une “santé luxuriante”. Un accompagnement qui se traduit aussi par l’enseignement. Car sans consacrer sa vie à l’herboristerie, chacun peut apprendre à lui faire une place de choix dans son quotidien, en toute sécurité.
Je suis profondément convaincue que les plantes devraient être à l’avant-scène de nos soins de santé. La médecine dispose d’outils indispensables pour établir des diagnostics, et certaines vies ne pourraient être sauvées, ni certains maux terrifiants soulagés sans l’artillerie lourde des pharmaceutiques. Mais je sais que les deux peuvent cohabiter dans l’harmonie.
Bon je m’emporte, mais pour en revenir à ma démarche “humaine”, j’ai dû abandonné la culture de mon potager depuis 2016 par manque de temps. Quelques catastrophes ont parsemé mon parcours, et je m’en relève encore. Mon objectif est de réussir à vivre de ma passion (ce qui est loin d’être la cas à l’heure actuelle, comme pour la plupart des herboristes-producteurs-traditionnels) pour ensuite pouvoir développer une plus grande autonomie sur les plans alimentaires et si possible bien d’autres aspects.
J’ai donc joins ce groupe car je trouve des plus inspirant les projets et les démarches qui se rejoignent dans une recherche de mieux être pour la planète et tous ses habitants. J’ai l’impression de voir éclore le monde auquel je rêvais, il y a plus de 30 ans lorsque je découvrais l’herboristerie et que j’étudiais la biologie, mais que je ne croyais pas possible. Bien des obstacles se dressent encore sur notre route quand on voit tout les empoisonnements que nous nous affligeons collectivement et tout le magouillage qui permet cet état de chose. Mais je crois que chaque geste compte (et ils se multiplient à grande vitesse en ce moment) et que c’est en travaillant ensemble et en faisant entendre une voix forte du plus grand nombre possible que nous avons encore une chance de créer un nouveau monde.