Couvre-sol dans les planches et les sentiers

Salut! :grinning:

J’aimerais utiliser un couvre-sol pour empêcher la croissance des mauvaises herbes dans mon potager et pour garder une bonne humidité dans le sol. Vous préférez quoi dans les planches de culture (sous les plants) et dans les sentiers (entre les planches)? Je suis un peu mélangée entre BRF, paille, feuilles mortes et autres :sweat_smile:

Merci beaucoup!

Salut Florence,

Du point de vue pratique ce qui peut t’aider à prendre une décision c’est le rapport C:N du paillis que tu veux appliquer. Le rapport C sur N nous informe sur la proportion des atomes de carbone et d’azote dans le matériel choisi. Tu peux trouver ces informations dans un tableau C:N et même l’université de Cornell offre une feuille pour calculer le rapport C:N des mélanges que tu choisies d’essayer pour le paillis ou le compostage.

Si dans ton exemple on prend BRF, feuilles mortes et pailles. Ils ont respectivement des rapports de 50:1 à 250:1, 60:1 et 50:1. Plus le rapport est grand plus ils mettront de temps à se décomposer.

C’est ainsi préférable de mettre des copeaux de bois ou autre paillis riche en carbone, donc à ratio C:N élevé (100 et plus) entre les planches et un paillis plus balancé (60-80) convenant à la majorité des légumes de jardins dans les planches.

Personnellement j’utilise un mélange de feuilles mortes broyées et de la chénevotte de chanvre commerciale (C:N 75) dans les planches et des copeaux de feuillus et/ou résineux entre les planches et dans les chemins principaux. Je laisse composter au rang tous les débris végétaux de mes cultures. J’évite la paille. Elle est performante en tant que paillis mais trop souvent grainée et je me retrouve à sarcler la compétition créée par mon paillis.

Le BRF est vraiment excellent et très riche en minéraux. À mon avis, il est trop précieux pour mettre entre les planches. Il peut être utilisé pour toute les cultures mais convient mieux aux vivaces (ail, fraises) et arbustes (bleuets, noisetiers). Il peut causer une légère diminution de l’azote du sol la première année.

Pour finir, les paillis ne doivent pas être mélanger au sol (même après la récolte) puisque comme dans l’utilisation des engrais verts, on veut préserver sa structure. Ils seront décomposer au bon rythme et de façon optimale par tous les organismes de la chaîne trophique du sol.

Bon jardinage !

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Merci encore une fois pour tes précieux conseils!! Tellement d’informations pertinentes :grinning:

Ça m’aide vraiment beaucoup de comprendre la différence principale entre les différents paillis. J’avais aussi lu qu’on pouvait utiliser des rognures de gazon. Selon le tableau C:N, les rognures de gazon ont un ratio de 20:1. Considères-tu que ça peut être aussi un paillis intéressant?

Merci pour ton temps!

Salut Florence,

Oui le gazon est très bien, comme les engrais verts dont on parlait dans l’autre post, son rapport C:N est bas, il se décomposera beaucoup plus rapidement que de la paille ou des feuilles mortes. Tu dois prendre garde qu’il ne colmate pas en plaques, ce qui arrive habituellement quand on paille trop épais (10 cm et plus) ou que le gazon est trop humide.

On peut aller plus loin en considérant que chaque plante choisie pour notre jardin fait parti d’une succession végétale dans son milieu natif. On peut se représenter les deux extrêmes d’une succession par un sol à nu évoluant dans le temps en une forêt inéquienne ancienne. Une plante qui arrive tôt dans la succession (pionnière) s’associe surtout avec des bactéries puisqu’elles règnent dans les sols perturbées. Le but d’une pionnière est d’avoir le plus de cycles de reproduction complets en fonction du temps (on pense aux pissenlits) ce qui demande beaucoup d’azote. Un paillis riche en azote conviendra bien à ce type de plantes. Des exemples: brassicacées (choux, brocoli) , chénopodiacées (épinard, arroche).

Plus on progresse dans la succession vers la forêt plus la matière organique au sol augmente et plus les plantes développent des associations mixtes: bactéries et champignons (endomychoriziens, quelques saprophytes) la quantité de carbone dans le sol augmente et favorise graduellement les champignons. Les tomates (solanacées) et les fraises (rosacées) sont des espèces de transitions qui bénéficient d’un paillis plus riche en carbone (paille, feuilles mortes) similaire à l’horizon organique de leur sol natif.

On nomme la proportion des biomasses de champignons et de bactéries dans un sol le rapport F:B (Fungus:Bacteria). C’est une donnée importante dans la biologie d’un sol, j’y reviendrai. Disons simplement que dans un sol nu récemment perturbé le F:B peut être aussi bas que 0,01 (les bactéries dominent) dans une forêt mature le F:B tend vers 100 (champignons dominent).

Ceci dit, souvent le jardinage c’est une question d’adaptabilité. Si tout se dont tu disposes est du gazon, c’est ok tes tomates pousseront quand même ! La priorité c’est de protéger ton sol.

À plus tard !

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Merci beaucoup Stéphane! Tes réponses sont toujours bien vulgarisées et apportent des éléments pertinents. J’adore!

Je tâcherai de garder tout ça à l’esprit en travaillant mon jardin. C’est vraiment fascinant d’essayer de comprendre toutes les associations entre les végétaux et le sol (et tout ce qu’il contient).

Je suis vraiment contente, parce que ça m’aide vraiment à faire le lien entre toutes mes lectures. Merci et bravo!

Bon et bien, grâce à tes conseils, j’ai finalement décidé ce que j’allais faire cette année! J’aurais bien voulu utilisé des feuilles mortes, mais il n’y en a pas assez de disponibles sur mon terrain en ce moment, je vais garder celles de l’automne prochain!

Je suis donc allée avec le BRF. Je l’ai acheté aux Jardins vivaces de Charlesbourg. Le propriétaire, Jacques Hébert, est un vrai passionné de BRF et de compost! Je me suis renseignée sur sa méthode et c’est vraiment intéressant! Voici ce qu’il explique sur son site:

C’est ainsi que j’obtiens, entre autre, en 2012 un compost qui teste à plus de 25% de matière organique, un ph régulier de 7.5, ce qui est même un peu basique, contrairement à ce que l’on dit du BRF qui serait acidifiant. Mes nitrates varient entre 6.5 et au-delà de 10 ppm dépendant de la période d’introduction du nouveau BRF au substrat. Quand vous parlez de pénurie d’azote dans l’usage des BRF, cela ne s’applique pas ici. La culture et le travail des champignons et des bactéries font toute la différence. J’ai un C/N qui va de 15/1 à 30/1, toujours dépendant de la période d’introduction du nouveau BRF au substrat, le BRF pur étant à la base probablement environ 200/1.

J’ai vraiment hâte d’essayer ça!

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Moi je mets du foin… que je récupère des décors d’Halloween autour de chez moi !!!
ou des copeau de bois que la ville donne ( `Montréal ) Il en reste encore au parc rosemont qui date de l’an dernier …

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Les copeaux de bois, est-ce que ça se compacte beaucoup? Il doit y avoir une épaisseur maximale à mettre? Parce que c’est clair que mon père est bucheron et qu’il faudrait clairement que je lui demande de me garder des copeaux!

Oh yeaaah le BRF de jacques hébert est un trésor national ! Bourré de mycorhizes, retiens bien l’eau au point qu’il dit ne pas arroser son jardin l’été.

Si vous voulez faire le votre y faut s’assurer que ça ne vienne pas de résineux, et que les copeaux ont été taillés dans des branches à petit diamètre, sinon ça serait trop riche en carbone.

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